Pour
une méthodologie de l'étude des migrations
des peuples en Afrique
subsaharienne
Cheikh Anta DIOP
Article publié dans
ANKH n°4/5
Texte paru sous le titre "Pour une
méthodologie de l'étude des migrations" dans
Histoire générale de l'Afrique : ƒtudes et Documents
6, "Ethnonymes et toponymes africains" (1978),
UNESCO, 1984, pp. 97-121 et dans une première version
sous le titre : Introduction à l'étude des migrations en
Afrique centrale et occidentale - Identification du
berceau nilotique du peuple sénégalais, in
Bulletin de l'IFAN, série B, Tome XXXV, n¡ 4, 1973,
pp. 769-792.
Abstract
: To
a Methodology of Studying the migrations of the Peoples
of Subsaharian Africa -- This paper concerns methodology.
The ethnohistorian is most of the time careful not to
apply his theory to a concrete case choosen as an
example of study and only put forward comments of a very
general nature.
We
wish to contribute in filling this deficiency by showing
how, even when archaeological data and written documents
are missing, one may in some privileged cases, use
linguistic, ethnic (ethnonyms and toponyms) and
sociopolitical facts in order to succeed in
reconstructing the African past with a near certainty.
The point is
to demonstrate that in a comparatively recent past a
migration starting from the shores of Lake Albert and
from the hills of Nubia (a region inhabited by the Nuer,
the Shilluk, the Dinka, etc...) would have reached
Senegal, slipping itself into the gully situated in
between the 10th and the 20th parallel, above the
Equator while another migration, starting from the same
region of the great lakes would have followed the course
of the river Zaïre down to its mouth spreading itself
then along the coast without being able to progress
along it further than Cameroon and the delta of the
river Niger. The peoples of the gulf of Benin, from
South Nigeria down to Southern Ivory Coast (Ibo, Yoruba,
Oyo, Anyi, Baule, etc.) would belong to a migration
previous to the two others and coming from the East as
well. But, they must have suffered the shock of the two
latest waves which must have provoked secondary
movements of population, from East to West, along the
Atlantic coast, as the cultural unity of this region, as
well as the fact that the physical type and clan names
so different from those of Sahel, in the North seem to
bear witness to.

Boucliers à tête de bélier trouvés
en Nigéria (a, c, d)
et en Egypte (b) [C. A. DIOP, Antériorité des
civilisations nègres ? Mythe ou vérité historique ?,
Paris, Présence Africaine, Planche 77]
1.
Introduction
Cet
exposé se situe sur le plan méthodologique. L'ethnohistorien
se garde, la plupart du temps, d'appliquer sa théorie à
un cas concret pris comme exemple d'étude et se contente
d'émettre des idées générales.
Nous
voudrions contribuer à combler cette lacune en montrant
comment, en l'absence de données archéologiques et de
documents écrits, on peut, dans certains cas
privilégiés, utiliser les faits linguistiques, ethniques
("ethnonymes" et toponymes) et sociopolitiques pour
aboutir à une quasi-certitude dans la restitution du
passé africain.
Il s'agit de
démontrer qu'à une époque relativement récente une
migration, partie des rives du lac Albert et des
collines de Nubie (région habitée par les Nuer, Shilluk,
Dinka, etc.), aurait atteint le Sénégal en se glissant
dans le couloir situé entre le 10ème et le 20ème
parallèle au-dessus de l'Equateur, tandis qu'une autre
migration, partie de la même région des Grands lacs,
aurait suivi le cours du Zaïre jusqu'à son embouchure,
pour s'étaler le long de la côte, sans pouvoir longer
celle-ci au-delà du Cameroun et du delta du Niger. Les
peuples du golfe du Bénin, du Nigéria du Sud à la Côte
d'lvoire du Sud (Ibo, Yoruba, Oyo, Ewe, Akan, Anyi,
Baule, etc.), appartiendraient à une migration
antérieure aux deux précédentes et venue également de
l'est. Cependant, ils auraient subi le choc de ces
dernières vagues, ce qui a dé provoquer des mouvements
secondaires de population, d'est en ouest, le long de la
côte atlantique, comme semblent en témoigner l'unité
culturelle de cette région, la différence de types
physiques et des noms claniques comparés à ceux du
Sahel, au nord.
2. Faits linguistiques
Une
parenté linguistique indiscutable entre deux groupes de
langues éloignés dans l'espace peut être prise en
considération dans l'étude des migrations.
Tableau 1.
Formes comparées de l'égyptien ancien, du copte et du walaf
(ou wolof, langue parlée au Sénégal) [1]
|
Égyptien |
Copte |
Walaf |
|
kef
: empoigner,
prendre, dépouiller (de quelque chose)a |
keh
(dialecte saïdique) : dompterb
|
kef
: saisir sa proie |
|
Présent |
Présent |
Présent |
|
kef i
kef ek
2e
m
kef et
2e
f
kef ef
kef es
kef n
kef ten
kef senc |
keh ei
keh ek
2e
m.
keh ere
2e
f.
keh ef
keh es
keh en
keh eteté
key ey |
kef nâ
kef nga
2e
m. et f.
kef na
3e
m. et f.
kef ef
impersonnel :
kef es
on a saisi
kef nanu
kef ngen
kef na--u
|
|
|
|
Passé
|
Passé
|
Passé
|
|
kef ni
kef (o) nek
2e m.
kef (o) net
2e f.
kef (o) nef
kef (o) nes
kef (o) nen
kef (o) n ten
kef (o) n sen
|
keh nei
keh nek
2e
m.
keh nere
2e
f.
keh nef
keh nes
keh nen
keh netsten
key neyb
|
kef (on) nâ
kef (on) nga
2e
m.
kef (on) na
3e
m. et f.
kef (on) ef
impersonnel
kef (on)
es
impersonnel
kef (on) nanu
kef (on) ngen
kef (on) na--u
|
a. Roger
LAMBERT, Lexique hiéroglyphique, Paris, Librairie
orientaliste Paul Geuthner, 1925, p. 129.
b. A. MALLON,
Grammaire copte, 3e éd., Beyrouth, 1926, p. 207 et
234.
c.
Dr A. de BUCK, Grammaire élémentaire du moyen égyptien,
trad. WALLE et VERGOTE, Leyde, 1952.
Une parenté
grammaticale, disons génétique, si elle est patente,
n'est jamais fortuite. Dans cet ordre d'idée, le tableau
I des formes verbales comparées de l'égyptien ancien, du
copte et du walaf
[2],
langue du groupe sénégalais de l'Ouest africain, nous
oblige à admettre des contacts culturels, dont la nature
reste à déterminer, entre la vallée du Nil et l'Ouest
atlantique de l'Afrique. On remarquera la même
conjugaison suffixale, le même morphème
(n) du
passé à la même place dans les trois langues, les mêmes
pronoms suffixés à la troisième personne du singulier
dans les trois cas, ce qui ne peut être le fruit du
hasard, car il s'agit de correspondances particulières,
etc.
Le walaf ayant
perdu le féminin désinentiel en t., les
démonstratifs féminins égyptiens commençant par t
deviennent tous, sans exception, des adverbes de lieu
ayant conservé cependant tous les autres phonèmes
hérités de leurs anciennes fonctions (wy. n. l),
ce qui permet d'identifier leur origine.
Tableau 2. Pronoms et adjectifs démonstratifs en
égyptien et en walaf [3]
|
Égyptien ancien
(masculin
singulier) |
Walaf
(singulier tous
genres) |
|
pw (ipw)
: ce
pwy (ipwy)
: ce (détermin. précisé)
pn (ipn)
: celui-ci
pf (ipf)
: celui-là
pfa (ipfa)
: celui-là
pfy
pa (ipa)
: ce |
bw
: ce
bwy
: celui-ci qui est
bane
: celui-là ; ne, ni, na : là-bas
bale :
celui-là ; le, li, la : ceci, cela
bafe
: celui-là ; fe : là, là-bas
bafa
: celui-là ; fà : là-bas
bafi
: celui-ci ; fi : ici
bà
: celui-là |
|
Égyptien ancien
(masculin
singulier) |
Walaf
(singulier tous
genres) |
|
tw : celle
twy : celle (détermin.
précisé)
tn : celle-ci
tf : celle-là
ta : celle-là
a : cette |
tw : là
twy : là,
où
tane,
tale : là-bas
tafe :
là, là-bas
tafa :
là-bas
ta :
là-bas |
Tableau 3.
Démonstratifs neutres singuliers
|
Égyptien ancien |
Walaf |
|
nu : ce, cette
nn : celui-ci,
celle-ci, ceci
nf : celui-là,
cela, celle-là
nf3 : celui-là,
celle-là, cela
n3 : ce, celle
|
nu : comme ceci,
ce, cette ; lu : ce, cette
nane, nale, lale :
ce, celle, celui-là, ce, là
nafe, nafale, lafe,
lafale : celui-là, cela
nafa, lafa :
celui-là, cela
na : ce, celle, ce
... là |
Le véritable
pluriel des démonstratifs est tombé en désuétude en moyen
égyptien et est remplacé par le neutre du pronom
démonstratif, suivi, sous forme de génitif, d'un mot qui
peut se mettre aussi bien au singulier qu'au pluriel, par
exemple nn n(j) st, "cela de femme(s), ces femmes".
Les formes du
pluriel ci-dessous sont ainsi construites :
Tableau 4. Formes du pluriel
|
Égyptien
ancien
(pluriel commun) |
Walaf |
|
nw (+ n) : ceux
un (+ n) : ceux
nf (+ n) : ceux
nfa (+ n) : ceux
na (+ n) : ceux
|
--w ne : ceux-là ;
--w : ceux
--anene, nanale,
nane, nale
--afe, --afale
--afa
--ana : ceux-là ;
--a, nale : ceux-là |
Mais la
correspondance la plus typique et la plus inattendue est
celle des démonstratifs du pluriel ancien féminin. Ils
dérivent respectivement de pw, pn, pf.
Tableau 5. Correspondance des démonstratifs du pluriel
ancien féminin
|
Égyptien ancien
(pluriel ancien
féminin) |
Walaf
|
|
iptwt : celles-ci
iptw : ces
iptn : celles-ci...
iptf : celles-ci
|
batota
batw : celui-ci
batne, batale
: celui-là
batafe :
celui-là, là-bas |
Ces formes
walaf sont devenues des démonstratifs au masculin
singulier. Pour le pluriel, le walaf a adopté la forme
récente de l'ancien égyptien
--w avec
palatalisation de la nasale initiale égyptienne.
L'explication phonétique du passage des formes
égyptiennes aux formes walaf est simple : la forme
pw --> ipw
montre comment l'occlusive bilabiale sourd /p/
de l'égyptien s'est sonorisée en position intervocalique
pour devenir /b/
en walaf.
D'autre
part, la loi de correspondance phonétique que nous avons
établie fait correspondre n égyptien à l walaf ; ainsi,
au démonstratif égyptien pn correspondent deux
démonstratifs walaf synonymes qui coexistent dans la
langue : pn --> bane
--> bale (n --> l) ; on remarquera que cette
mutation consonantique n'est pas encore achevée en walaf.
Du reste, I'égyptien ne possédait pas de signe spécial
pour rendre la liquide l : il y suppléait en se servant
de r et plus
rarement de n.
3. Définition
des langues à classes africaines
Les
langues africaines qui possèdent un nombre variable de
consonnes pouvant se substituer chacune au p du
démonstratif égyptien pw sans modification de sens sont
appelées des langues à classes. Nous avons montré que
les classes nominales étaient déjà en germe dans
l'égyptien ancien (voir Parenté génétique de l'égyptien
pharaonique et des langues négro-africaines, op. cit.,
p. 3 et suiv., p. 385-387).
Des
correspondances phonétiques régulières, comme celles qui
sont mentionnées ci-dessous, viennent appuyer l'idée
d'une parenté généalogique :
Tableau 6. Exemple de régularité des correspondances
phonétiques
|
(n)
-------------------> initiale en égyptien
-----------> |
---------------------> (l) en walaf
|
|
Égyptien ancien
(pluriel ancien
féminin) |
Walaf |
|
nad :
demander
nah : protéger
nebt : tresse
tef-net (mot
composé) : l'être qui a été craché
(la déesse sortie
de la salive du dieu Ra) |
lad :
demander
lah : protéger
let : tresse
tef-nit : cracher
un être humain
tef-lit = tefli :
crachats. |
Ces
lois de correspondances phonétiques sont présentées
d'une façon plus systématique dans
Parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des
langues négro-africaines
(op. cit., p. 71 à 84). L'évidence
des faits linguistiques légitime la poursuite de la
démonstration.
D'autre
part, plusieurs langues de l'Ouest africain, telles que
le walaf, le joola, le seereer, etc. (Sénégal), sont des
langues à classes comme les langues bantu, ce qui semble
attester une migration.
4. Faits
ethniques : Toponymes et ethnonymes
On sait
qu'en Afrique noire le nom clanique est encore, dans une
large mesure, un indice ethnique.
La figure 1
donne une vue synoptique des noms claniques communs au
peuple sénégalais et aux ethnies d'autres régions de
l'Afrique : Haut-Nil, Tchad, Zare, Cameroun, Congo, etc.
Il est
remarquable que les noms ethniques sénégalais se
trouvent fortement concentrés dans une région très
limitée, comme les collines de Nubie et les rives du lac
Albert, chez les Nuer, les Kaw, les Nyaro, les Dinka
(dont le vrai nom est Jeng)
[4]
et les Shilluk, région à cheval sur l'Ouganda, le sud du
Soudan et le Kenya. Toro et Nyoro sont à la fois des
ethnonymes et des toponymes en Ouganda et au Sénégal ;
on trouve en Ouganda, sur les rives du lac Albert et au
sud-ouest de celui-ci, les anciens royaumes du Nioro ou
Bu-Nioro et du Toro, deux termes qui désignent également
des tribus habitant les mêmes régions susmentionnées.
ll existe en
Afrique de l'Ouest le Nioro du Macina au Mali, entre le
Haut-Sénégal et le Niger, le Toro ou Fuuta Toro, région
abitée par les Fulbe et les Tukuloor sur le fleuve
Sénégal, enfin le Nioro du Rip dans le sud-est du
Sénégal.
Dans
l'Antiquité, les anciens Egyptiens appelaient Kaw Kaw
les habitants des hauts plateaux qui bordaient la vallée
du Nil en Haute-Egypte -- kaw égale haut, hauteur,
partie supérieure, dessus, en égyptien ancien.
Aujourd'hui,
dans les collines de Nubie, on trouve la tribu des Kaw
Kaw, habitant une région du même nom formée de collines.
TUCKER a étudié la langue de cette tribu, en voie de
disparition (il en resterait mille deux cents individus)
et a conclu à une parenté étroite avec l'ancien égyptien
[5].
La notation IKa, utilisée par cet auteur pour désigner
la même tribu, montre combien il est urgent de procéder
à une standardisation de l'orthographe des noms en
anthropologie africaine.
D'après le
Tarikh es-Soudan
[6],
la cité médiévale de Gao, sur la boucle du Niger,
s'appelait en réalité Kaw Kaw -> Kaw Kaw (Kao Kao) ->
Gao Gao -> Kawga (Kaoga). ES-SÂ'DI essaie en vain
d'expliquer l'origine de ce nom à partir d'une
étymologie populaire assimilant la sonorité du mot au
son du tam-tam royal.
Les
habitants actuels du Kayor (on aurait dé écrire Kajor)
et du Baol au Sénégal (intérieur du pays par opposition
à la côte) sont appelés kaw kaw, avec la même acception
que le terme égyptien correspondant. Kaw kaw signifie
"habitant des hauteurs" en walaf. Kaw veut dire "haut",
"dessus", "parties supérieures", etc. (Sens identique à
celui de l'égyptien ancien). Kawga, c'est le "pays des
kaw kaw", la région élevée, en walaf. Or, la région
ainsi désignée est une plaine. Il semble donc que les
kaw kaw du Sénégal aient conservé le toponyme de leur
berceau nilotique ; à l'appui de cette hypothèse,
rappelons que les Egyptiens anciens appelaient lebu les
riverains de la Cyrénaïque actuelle, à l'ouest du delta
du Nil. A partir de la XIXe dynastie égyptienne, sous
Merneptah et Ramsès III (-1200), lors de l'invasion des
peuples de la mer, les peuplades indo-européennes
vaincues par l'Egypte furent rejetées à l'ouest du delta
et, dès lors, des Lebu blancs, les tamhu, vinrent
cohabiter avec des Lebu noirs, les premiers occupants de
la région que nous appelons aujourd'hui la Libye : ces
premiers Blancs sont les proto-Berbères ; ils n'ont
aucun rapport démontrable avec la race préhistorique des
Ibéro-Maurusiens.
En résumé,
les Egyptiens appelaient lebu les riverains noirs et
blancs de la Méditerranée à l'ouest du delta, et kaw kaw
les habitants des hauts plateaux qui bordent le Nil. Ces
deux termes trouvent leur réplique dans la réalité
ethnologique sénégalaise d'aujourd'hui ; les riverains
de la presqu'"le du Cap-Vert (Dakar) se nomment Lebu et
possèdent au surplus, dans leur langue, l'expression
fossile suivante qu'ils ne s'expliquent plus : "Lebu
xonx bop", Lebu à tête rouge, Lebu blanc, et qui
attesterait encore la cohabitation ancienne avec une
race leucoderme.
Il est
probable que les Lebu, à leur tour, soient descendus
d'abord du nord au sud avant de bifurquer vers l'ouest
jusqu'à l'Atlantique.
Au Sénégal,
le terme kaw kaw s'applique en principe à tous les
habitants de l'hinterland, loin du rivage maritime. Les
kaw kaw qui habitent la région du Kayor sont
concurremment appelés ai jor, d'où ajor -- les jor --,
et jorjor, ce dernier nom étant plus particulièrement
utilisé par les Lebu riverains pour désigner les
habitants de l'intérieur. Or, on trouve chez les Nuer et
les Dinka (les Jeng) la tribu des Jor (Jour). Mais,
d'autre part, le Tarikh es-Soudan relate l'existence de
la tribu berbère des Adjor
[7].
Les faits anthropologiques amènent à ne voir là qu'une
coïncidence pure ; la comparaison des langues walaf et
berbère, à laquelle nous avons procédé, ne révèle aucune
parenté génétique.
Il est
remarquable de trouver chez les Nuer, les Jeng (ou
Dinka), les Shilluk, les Kaw Kaw, les Nyoro, les Nyaro
et les Toro du Haut-Nil les noms typiques des ethnies
sénégalaises du Nord : Walaf, Fulbe, Tukuloor, Seereer.
En voici des exemples :
Tableau 7. Noms
propres aux ethnies du Haut-Nil et à celles du Nord
sénégalais
|
HAUT-NIL |
SENEGAL |
|
Nuera
Kaw (Kao), IKa
Bari
Jallo (Jallogh)
Ndorobo
Pelel
|
Fulbe
Ka
Bari
Jallo
Torobe
Pelel |
|
Nuer
Kan
Wan
Si (Ci)
Lith
Cam
Malwal
|
Tukuloor
Kan
Wan
Si
Li
Cam (Thiam)
Malaw (prénom laobe)
|
|
Nuer
Jeng (c'est-à-dire
Dinka et "tribus" apparentées)
Duai
Cop (Tiop)
Duob
Nyang
Yan
Lam
Gik
Puok
Tai Tai
Nyanyali
Mar
Lou
Leau
Gom
Deng
Jeng (Dieng)
Gak
Gai
Bath
Banyge
Garang
Lat (Lath)r
Latjor (Lathjor)
Cep (Tiep)
Tul
Kombolle
Put
Dar
Dar Tut
Cieng Nyagen
(village des Nyang
Cieng, village en
nuer)
Jokany
Gaajok
Jallo
Jak
Kong
Jung
Cam
Badeng
Cek (Thiec)
Pot )
Jany
Ngunzok
Jal
Nueny (nom de
village)
Yang
Juan ou Jekan
Bul
Dhong
Bor
Tut Nyang
Nyajang
Dhor Jeng (de Jeng)
Kai
Lith
Malwal
Pelel
Gai
Wol
Lak
Gaanwar
Jikul
Wel
Cor (Thior)
Jer
Jman
Jmem
Kan
Thon
Nyasa (lac,
toponyme d'Afrique
australe) |
Walaf
Jeng
Njay
Jop
Jop
Nyang
Yan
Lam
Ngik
Puok
Tai Tai
Nyangyali
Mar
Lo
Lo
Ngom
Jeng (Dieng)
Jeng (Dieng)
Gak
Gai
Bas
Mbanyge (prénom)
Garang (prénom
walaf)
Latir
Latjor --> Lat(ir)jor
Cep (village
ancien)
Tul (ville)
Xombolle (ville)
Put (ville)
Dar Ndar (ville)
Ndar Tut (toponyme)
Nyangen (village
des Nyang)
Joxane
Gaajo
Jallo
Jak
Kong
Jong
Cam (Thiam) ?
Bajan (Badiane) ?
Sek (Seck) ?
Pot (prénom lebu)
Jane
Ngunj
Jal
Nyani (toponyme du
Haut-Sénégal-Niger)
Yan
Jan (Diagne)
Mbul (nom de ville
historique)
Ndong
Mbor
Nyang
Nyanang (toponyme)
Jeng (vrai nom des
Dinka), Jor Jeng
(nom propre
féminin)
Gai
Lis
Malaw
Pël ?
Gai
Wole (nom nigérian)
Lak
Gelwar ? (n --> l)
Jokul, Jigal
Wele
Jor (prénom
féminin)
Jeri
Jim (prénom
masculin)
Jim (prénom
masculin)
Kan
Con (Thione)
Nyas ?
|
a. Aux graphies
anciennes et arbitraires (Barry, Dia, Diallo, Sow, Sy, Thiam...),
nous avons généralement substitué des formes rationnelles,
plus fidèles aux noms transcrits (même si elles ne sont pas
toujours définitives), et souvent plus économiques (Bari, Ja,
Jallo, Si, So, Cam...), qui favorisent les rapprochements
logiques. Nous avons parfois mis entre parenthèses les
graphies courantes.
|
ZAïRE DU SUD |
SÉNEGAL |
|
Balla
Ja
Pende
Mbeng
Ngoma
Ngom
Bemba
Ngumbu
Chila
Salla
Lua
Suku
Bas
Chil
Hog
Mbakke
|
Balla Balla (prénom
masculin)
Ja Ja
Pende
Mbeng
Ngoma
Ngom
Bamba (prénom
masculin)
Ngumb
Silla
Salla
Lo
Sugu
Bas
Sil (Syll)
Sog
Mbakke |
|
ZAïRE DU NORD |
SÉNEGAL |
|
Yela Yela
Mbakka-Waka
Basa
Ba
Mbo
Ngomo
Maka
Ngundi
Rama
Ndumbe
Ndumbe
Kande
Ngumba N
Bamba
Benga |
Yela Yela
Mbakke-Wake (M'Backé-Waké)
Basa
Ba
Mbo (M'Bow)
Ngom
Maka (nom de ville
et de personne)
Ngunj
Rama (prénom
féminin)
Mandumbe (prénom
masculin)
Ndumbe (prénom
féminin)
Kande
Ngumba (nom de
ville)
Bamba
Mbeng |
|
SOUDAN
ORIENTAL |
SÉNÉGAL |
|
Wadda
Gabu
Mbai
Ndam
Buso
Girmi
Banda
Gulai
|
Wadd
Wadda (prénom
masculin)
Ngabu (nom de
village du Baol)
Mbai
Ndam (nom de
village, en souvenir
du nom clanique)
Buso
Gërmi (noble,
membre de la dynastie
régnante)
Banda (prénom
masculin)
Gulai (prénom
masculin) |
|
TCHAD |
SÉNEGAL |
|
Sara
Mbai
Lai
Ndam
Kaba
Bua
Babuas
Mbakka-Waka
Bwaka-Mbaka |
Mbai
Lai
Ndam
Kaba
Ba
Baba
Mbakke-Wakke
Mbakke-Wakke |
|
AFRIQUE DU
NORD-EST |
SÉNEGAL |
|
Sungor (au Sennar)
Siin (plaine du
Sennar) |
Singor-Sidar (seereer)*
Siin (nom d'une
région marécageuse
et fertile du
Sénégal) |
* L'étymologie
populaire propose senhor, monsieur, en portugais, Sin, en
égyptien ancien, c'est la boue, la terre boueuse.
|
SOUDAN CENTRAL |
SÉNEGAL |
|
Keba
Mandara
Falli
Mbum
Kare
Kano (nom de ville)
Dukon
Jeng |
Keba
Mangara
Fal
Mbub
Kare
Kan (Kane)
Juk
Jeng |
|
TCHAD |
SÉNEGAL |
|
So (peuple
légendaire des Sao) |
So (Laobe) |
|
CôTE D'IVOIRE
(NORD) |
SÉNEGAL |
|
Lo |
Lo |
|
SIERRA LEONE |
SÉNEGAL |
|
Mende
Capi (Tyapi)
Tend
Kombolle
Ballo
Koli |
Mendi
Capi (toponyme)
Tend
Xombolle (toponyme
sénégalais)
Balla (prénom)
Koli (prénom) |
|
NOMS NUBA
TULLUSHI |
SÉNEGAL |
|
Tullusi
Kare
Kawe
Kaselo |
Tul (nom de
village)
Kare
Ka
Kaw Kaw (Kao Kao)
Kase |
On
remarquera que les Ndam, les Mbakke et les Buso
viendraient en groupe d'une même région, ce qui rend
plausible la parenté ancestrale dont ils se réclament au
Sénégal.
Noms
claniques des Fungur, "tribu" voisine des Kaw et des
Nyaro, dans les collines de Nubie. Ces derniers ne sont
plus qu'au nombre de deux mille individus.
Quand les
études comparatives seront bien avancées, on pourra
tenter d'étudier les lois de variation des ethnonymes
d'une langue à l'autre à partir des correspondances
phonétiques (comme dans Peter --> Pierre).
Exemples :
Ogot (Kenya)
--> Ogo (Sénégal) -> Obote (Ouganda) ?
Boyt (Kenya)
--> Boy (Sénégal)
Kiporo
(Kenya) --> Kipré (Côte d'lvoire) -> Kheper (égyptien
ancien)
Mati
(Sénégal) --> Maat (ancienne Egypte)
Aatu
(Sénégal) --> Atum (ancienne Egypte).
5.
Importance de l'analyse des expressions fossiles dans
une langue donnée
A
l'expression "Lebu à tête rouge" -- Lebu blanc --, déjà
analysée en walaf, s'ajoutent les suivantes :
Ndoh um nwl,
expression fossile de la langue walaf signifiant, mot à
mot, l'eau du fleuve (--wl, l'eau de la "Noire"). Or, le
Nil des temps mythiques, du début de la création
cosmique, s'appelait nwn, eaux primordiales boueuses et
complètement noires. On peut poser avec une
quasi-certitude : égyptien nwn -> walaf --wl. Dans le
système phonétique walaf, la voyelle vélaire w exerce un
effet palatalisant sur la nasale n et, puisqu'elle est
longue, la nasale finale du mot a tendance à être
dissimilée en l. En présence d'une même voyelle
postérieure brève, il y a palatalisation du n initial
sans mutation du n final en l -- par exemple : égyptien
nwn, nous --> --wn, nous (parler urbain de Saint-Louis
du Sénégal) ; égyptien nwn, ceux --> walaf --wne,
ceux-là ; exception : --wn égale n (arabe) parce que
d'origine savante et récente en walaf (voir Parenté
génétique de l'égyptien pharaonique et des langues
négro-africaines, op. cit., p. 87).
Égyptien Anw
(nom ethnique d'Osiris et des premiers habitants de l'Egypte,
qui s'écrit avec un pilier) -> walaf enw (ou yenw),
porter sur la tête, d'où (k)enw, pilier.
Gannaria.
D'après Ptolémée, ce terme désigne un cap sur la côte
nord de la Mauritanie actuelle, à 29¡11 de latitude
nord, à la hauteur exacte des Canaries, habitat des
anciens Canarii. En walaf, Ganâr désigne la Mauritanie.
Ce terme, inconnu des Arabes et des Berbères, est
vraisemblablement issu de la racine latine citée
ci-dessus. A la suite de quels contacts ou relations et
à quelle époque celle-ci est-elle passée dans le walaf ?
C'est là le mystère. Ces faits laisseraient supposer un
contact ou des relations entre les Walaf et des
populations romanisées de l'Afrique du Nord à la fin de
l'Antiquité (voir Parenté génétique de l'égyptien
pharaonique et des langues négro-africaines, op. cit.,
p. 86). A-t-on le droit de poser que Gannaria > Ganâr >
Ghana (ancien royaume africain) ? C'est un pas que nous
hésitons à franchir.

Figure 1 :
Formation du peuple sénégalais d'après l'ethnonymie et la
toponymie.
N.B. On doit
comparer dans l'ordre les noms des cases portant le même
numéro au départ (Haut-Nil...) et à l'arrivée (Sénégal).

Figure 2 :
Berceau nilotique du peuple sénégalais.
6. Structure
sociopolitique
L'étude des structures sociales des tribus du Haut-Nil
jette une lumière nouvelle sur celles des peuples de
l'Afrique occidentale. Nous parlons du clan en
soulignant l'absence, en Afrique noire, du clan
patriarcal indo-européen, caractérisé par l'autorité
absolue du pater familias, qui a droit de vie et de mort
sur ses enfants et sur sa femme, et qui peut les vendre,
enterrer les filles vivantes ou jeter dans les ordures
ménagères son excédent de bébés bien constitués, etc
[8].
L'homme reçoit la dot de sa femme au lieu de l'apporter.
L'Afrique a
connu essentiellement le clan matriarcal (matriarcat
absolu), qui a abouti, par évolution, à la filiation
bilatérale. La société nuer nous livre le maillon
intermédiaire entre le matriarcat absolu et le régime
patrilinéaire. On y saisit le moment précis où l'enfant
(bien que portant le nom personnel par ordre de
naissance par rapport à la mère) est appelé de plus en
plus par le nom de son clan maternel ; nous assistons à
la genèse des noms propres claniques ; le mariage
matrilocal est en vigueur. Un Nuer explique à
EVANS-PRITCHARD que l'enfant porte le nom du clan de sa
mère tant que le mariage est matrilocal ; la filiation
est alors matrilinéaire ; mais, si la situation est
inversée durant la vie de la même femme (mariage
patrilocal), la femme rejoignant le clan de son mari, la
filiation devient patrilinéaire, l'enfant change de nom
et porte désormais celui du clan de son père
[9].
Nous voyons à l'oeuvre les conditions matérielles et
historiques mêmes qui ont donné naissance aux deux
régimes, matriarcal et patriarcal, et dont aucune
théorie structurale n'aurait pu rendre compte malgré la
prédilection d'EVANS-PRITCHARD pour cette doctrine.
Héritage,
filiation et parenté, tout dérive de la situation du
conjoint qui reste dans son clan. Il n'en demeure pas
moins que c'est l'homme qui a créé les deux types de
clans par adaptation au milieu. C'est lui qui a conçu le
clan patriarcal indo-européen en milieu nomade et le
clan matriarcal en milieu sédentaire. Ce dernier clan
passe par les stades suivants :
- Premier
stade, le matriarcat absolu. L'homme, par suite de
l'institution de l'exogamie découlant de l'apparition du
tabou de l'inceste, se marie en dehors de son clan, mais
ne vit pas dans le clan de sa femme ; il n'a aucun droit
sur ses enfants, qui n'héritent pas de lui. Le droit à
l'héritage matérialise le lien de parenté. Aucun lien de
parenté social n'est reconnu entre lui et ses enfants
par la société ; il est géniteur et non pater ; ses fils
héritent de leur oncle maternel, qui est le père social
et qui semble avoir eu naguère un droit de vie et de
mort sur ses neveux : la situation est l'inverse de
celle du clan indo-européen, où, jusqu'aux réformes de
Solon, malgré la sédentarisation, les enfants de deux
sÏurs n'avaient aucun lien de parenté. La petite tribu
des Kamdang (mille cinq cents individus), apparentée aux
Nuba Tullushi, a un système de filiation matrilinéaire
strictement unilatéral
[10].
- Deuxième
stade, le mariage matrilocal. Le mari est admis à vivre
dans le clan de la femme. Pratiquement, tout procède de
la mère ; la situation est presque inchangée, sauf pour
la propriété privée de certains biens et objets.
-
Troisième stade, la filiation bilatérale dans certains
cas. L'homme apporte la dot
(survivance du matriarcat)
[11]
mais emmène sa femme dans son clan ; la filiation
devient patrilinéaire ainsi qu'on l'a vu ci-dessus.
Cependant, il subsiste de nombreuses traces du
matriarcat antérieur sous-jacent : en fait, la filiation
devient la plupart du temps bilatérale. C'est ce
troisième stade que l'on prend souvent, mais
improprement, pour un régime patriarcal, alors que
celui-ci, dans son sens indo-européen, est inconnu en
Afrique noire. Chez les Nuba Tullushi, qui pratiquent
apparemment le patriarcat, l'identification de
l'individu se fait néanmoins par le clan de la mère ;
l'enfant est appelé par le nom de clan de la mère plutôt
que par son nom personnel
[12].
Notons que le rapt (gef en walaf) marque la transition
entre le mariage matrilocal et le mariage patrilocal.
7.
Division du travail, castes
Les sociétés
nuer et nuba sont intéressantes à analyser à plus d'un
égard. En effet, nous y observons au stade clanique, à
l'état de germe, la division du travail et l'hérédité
des fonctions qui conduiront, dans la phase monarchique
suivante, au système des castes dans certaines régions
comme l'Afrique occidentale. Par un souci manifeste
d'équilibre social, tel clan nuer fournit
héréditairement le prêtre du grain, l'autre le faiseur
de pluie, le "roi", le spécialiste du lion, du léopard,
ou le guérisseur ; si une telle société est appelée à se
défendre sur place contre un ennemi extérieur, il y a
émergence d'une aristocratie militaire et la division du
travail préexistante engendre un système de castes ou,
tout au moins, une stratification sociale, car un
certain mépris frappe désormais le travail manuel face
aux risques de la fonction militaire. Mais, pour qu'il y
ait un véritable système de castes, il faut qu'il
existe, au surplus, des interdits frappant le forgeron,
travailleur manuel par excellence, ce qui semble un
héritage direct de l'Egypte pharaonique, où, jusqu'à la
basse époque, une grande superstition a entouré le
travail du fer. Dans les temples les prêtres amenés à
toucher des instruments en fer devaient se purifier. On
assiste là au passage d'une société clanique à un Etat
monarchique de type walaf ou kayorien.
Il y aurait
ainsi deux types de sociétés stratifiées en Afrique
noire : l'une sans castes (Afrique centrale, golfe du
Bénin, Afrique australe) et l'autre à castes (Afrique de
l'Ouest, Ghana, Mali, Songhay, Haut-Nil, etc.) ; cette
dernière société semblerait dériver plus directement, ou
tardivement, de la société égyptienne pharaonique.
L'hypothèse sera réexaminée dans des publications
futures.
Le
totémisme, lié au clan paternel, existe à la fois en
Afrique de l'Ouest (Sénégal) et chez les Nilotes
[13].
D'après NADEL, un lien semi-totémique existerait chez
les Nuba (Nyaro et Kaw Kaw) entre un individu et un
animal (toujours un rapace)
[14].
Il faudrait étudier les changements de totems liés au
même ethnonyme au cours des migrations.
La
sorcellerie existe et, comme au Sénégal, elle est plutôt
liée au clan de la mère
[15].
Le pouvoir de sorcellerie est plus fort et plus menaçant
lorsque la parenté est matrilinéaire, ce qui veut dire
que l'on a déjà, au stade clanique, des idées vraies ou
fausses sur la part du père et de la mère dans la
conception de l'enfant. La conception de la sorcellerie
est la même en Ouganda et au Sénégal : il s'agit du
sorcier mangeur d'êtres humains.
Le lien de
parenté est matérialisé par la possibilité de partager (mbok
en walaf) le repas funèbre chez les Nuba (Nyaro et Kaw
Kaw). On remarquera qu'il en est de même dans la société
walaf du Sénégal, où le terme qui désigne la parenté
signifie étymologiquement partager : bok, partager
quelque chose avec quelqu'un, un repas en particulier ;
mbok, le parent, celui avec qui l'on partage et
probablement celui avec qui l'on partageait jadis le
repas funèbre
[16].
En fait, c'est nous qui avons introduit le terme
restrictif "funèbre", car, pour NADEL, seuls les clans
unis par des liens de parenté peuvent manger ensemble, à
l'exclusion des autres clans, ce qui correspondrait bien
au sens de la racine walaf, qui, elle non plus,
n'implique aucune restriction ; si nous avons introduit
celle-ci, c'est parce que nous savons que ces repas
avaient au début un caractère religieux.
La femme
reste toute sa vie liée à sa famille naturelle, qui est
la réalité sociale la plus tangible, et elle y retourne
en cas de veuvage, à moins qu'elle ne se remarie avec un
frère du défunt : lévirat chez les Nuba (Kaw Kaw) ;
l'homme apporte la dot et sa classe d'âge l'aide à
construire une case à ses beaux-parents, ce qui est
l'indice d'un matriarcat sous-jacent ou antérieur.
La coutume
du partage rituel de la viande, si courante en Afrique
de l'Ouest (Sénégal), est en vigueur chez les Nuer : le
clan Gaatnaca doit une jambe de derrière au clan Thiang,
une jambe de devant au clan Jimem et au clan Gaatdila
Buli. Le clan Jalloh (Jallo) partage avec le clan Kwe
[17].
Les jibuthni sont les gens qui coupent le scrotum des
bêtes. Chaque famille a aussi son gwanbuthni, membre
éloigné de la famille chargé des rites, en particulier
de la mise à mort des bêtes
[18]
; il doit recevoir une quantité de viande fixée par le
rite. On peut être gwanbuthni de plusieurs familles à la
fois ; d'autre part, une famille peut avoir plus d'un
gwanbuthni. Celui-ci est probablement l'ancêtre du griot
ouest-africain (gewel en walaf) et l'on retrouverait la
correspondance n --> l dans les mots. La fonction
ancienne dans la société nuer a dé s'altérer
progressivement dans les régimes monarchiques sahéliens.
Notons que buti veut dire dépecer un animal en walaf.
Chez les Nuer, le gam est le chasseur qui a donné le
deuxième coup de lance pour aider le chasseur principal,
le koc (qui a donné le premier coup de lance), à abattre
un éléphant : il reçoit de ce fait la défense gauche et
le chasseur principal celle de droite
[19].
Le gam ou gamu désigne, en walaf, une parenté par
alliance plus sérieuse que le kal, qui est la parenté à
plaisanterie
[20].
8.
Autres traits communs
Le héros
mythique des Shilluk s'appelle Nykang, nom qui semble
n'être qu'une variante du nom clanique Nyang si répandu
chez les Nuer. Les Jeng (Dinka) vivent en symbiose avec
les Nuer et les Shilluk. Ce n'est pas par hasard,
peut-être, que la parenté à plaisanterie existe entre
les Jeng et les Nyang du Sénégal, qui sont des kal ou
gamu.
A celui qui
enfreint le code de l'honneur, le Walaf dit qu'il est
exclu de l'ordre légendaire des Lak (ou Lag), faisant
allusion à une chevalerie disparue qui ne badinait pas
avec l'honneur. En fait, aucun Walaf n'est capable de
dire où et quand cette communauté des Lak a existé.
Force nous est donc de faire un rapprochement avec le
nom de la tribu nuer des Lak, mais il faudra procéder à
une enquête supplémentaire pour voir si les traditions
guerrières et chevaleresques de cette tribu justifient
les légendes qui ont cours dans la société walaf.
On ne doit
pas confondre la tribu lak du Haut-Nil, dont nous venons
de parler, avec la tribu des Laka
[21],
chez les Sara, située sur la voie hypothétique de
migration des Walaf. Cette dernière est formée d'un
émiettement de petits groupes avec des variantes
dialectales telles qu'on cesse de se comprendre de l'un
à l'autre groupe.
Le mot walaf
laka, "allogéner", parler une langue autre que le walaf
-- que l'on ne comprend pas --, semble résumer et
refléter cette situation.
Le clan nuer
des Gaanwar fait penser aux Gelwar (seereer ou manden)
du Sénégal (n --> l).
Dar Tut
(nuer) est un nom propre de personne, où tut signifie le
taureau, l'ancêtre. Tut est l'image en réduction du mort
en forme de statuette, de l'ancêtre, en égyptien ancien.
Tut, en walaf, signifie petit. Le nom du quartier de
Ndar Tut de Saint-Louis du Sénégal pourrait bien avoir,
par conséquent, une tout autre origine que celle que lui
assigne l'opinion ou l'étymologie populaire. Dar est un
nom très fréquent chez les Nuer, chez qui l'on trouve,
dans le même ordre d'idée, des Tut Nyang, etc. Tut est
une particule qui peut s'associer à tout autre nom
clanique. De même, on trouve des Latjor et des Jor Jeng,
etc., autant de noms propres plus ou moins complexes que
l'on rencontre au Sénégal. Le premier de ces noms se
décompose ainsi : Latir, fils de Jor ; d'où Latir Jor
--> Lat(ir) Jor --> Latjor. Notons que : gol, en nuer,
signifie foyer, cendres chaudes, et gel, en walaf, la
même chose ; taw, en kaw et en nyaro, la grande case de
réunion des aînés et, en walaf, l'aîné ; jit, en nuer et
en walaf, scorpion ; nyal, en nuer, vache du ciel et, en
walaf, sistre, gong (symbole d'Hathor, vache du ciel)...
Cependant,
la langue nuer, dans sa structure et son vocabulaire,
est assez différente de la langue walaf
[22].
Celle-ci s'apparenterait davantage à celle des Kaw Kaw,
étudiée par TUCKER et qui est assez proche de l'égyptien
ancien, mais il faudra faire de nouvelles recherches
pour étayer cette idée.
Dans la même
région du Haut-Nil, on trouve, aujourd'hui encore, la
tribu des Anwak, qui fait penser aux Anw, race nègre qui
peuplait l'Egypte à l'époque de la protohistoire et dont
le nom était souvent désigné, sur les premiers textes
égyptiens, par trois traits ou piliers verticaux dont
l'ensemble était considéré comme une caractéristique
ethnique
[23].
Une fraction
des tribus ndaw et ngoni de l'Afrique australe semble
avoir émigré aussi vers l'ouest : Ngone est un prénom
féminin au Sénégal et Ndaw un nom assez courant en
seereer et en walaf. On peut en dire autant des Ndorobo
qu'on trouve à l'est du lac Victoria et au nord-est de
l'aire occupée par les Nuer. En effet, on retrouve les
Torobe chez les Fulbe et Tukuloor, tandis que Dorobe
désigne une dynastie d'origine pullo du royaume du Kayor
au Sénégal. De même, Sonyo désigne une tribu zaïroise et
une dynastie kayorienne. Enfin, un des noms les plus
inattendus est celui des Mbakke (Sénégal) et sa variante
Mbaka Waka au Zaïre, où il est porté par de nombreux
Pygmées et autres populations.
Ngoy désigne
la région du bas Zaïre (rive droite), où il sert
également de nom clanique ; au Sénégal, Ngoy est
toponyme et ethnonyme.
Les Anwak
descendent de Gila, second frère de Nykang, l'ancêtre
mythique des Shilluk
[24].
Gile est un toponyme sénégalais, rendu célèbre par la
bataille de Gile (au pied du tamarinier de Gile) entre
le Kayor et le Jolof, qui serait le point de pénétration
des tribus nilotiques shilluk, jeng, nyang (nuer).
Les Berri
vivent autour du mont Lepul (Haut-Nil) et ne doivent pas
être confondus avec les Beir et les Bari : Bari est un
nom pullo et Beir l'appellation typiquement indigène de
l'"le de Gorée ; mais le mot désigne également un fruit
dont la forme pourrait évoquer les contours de l'"le
dans l'imagerie populaire.
Les Jaluo,
Jalloh (Jallo est un nom pullo ouest-africain) et les
Gaya (Gai au Sénégal) vivent sur les bords du lac
Victoria.
Les Ndaw et
les Sena (noms seereer au Sénégal) vivent côte à côte au
sud du Zambèze, près du littoral de l'océan Indien.
Les Cek ou
Sek vivent chez les Jeng ou Dinka. Les Pual ou Pul sont
des Nuer. Les Kombolle et les Pelel sont des clans
matrilinéaires nyaro.
Les Kombolle,
les Put et les Tul (Tullushi ?) se retrouveraient côte à
côte au Sénégal si l'on considérait la proximité des
villes sénégalaises ainsi nommées et si l'on tenait
compte de la loi de fondation des sites qui veut qu'ils
portent la plupart du temps le nom du fondateur. Les
toponymes de ces villes sont les ethnonymes de tribus
disparues.
Les Lu, Lwo
ou Luo (Lo au Sénégal et au nord de la Côte d'lvoire)
sont, à l'est du Nil, des Nuer, vivant en territoire
jeng (dinka).
Les noms
Kwesi (Zaïre et Ghana), Banza (Soudan oriental et Togo),
Wole (Tanzanie, Nigeria), Kipre (Côte d'Ivoire et
Kenya), etc., qui n'existent pas dans la zone
sahélienne, tendraient à montrer qu'une première
migration partie de l'est a d'abord amené des
populations dans le golfe du Bénin et qu'une seconde,
plus tardive, partie du Haut-Nil, a suivi, d'une part,
la vallée du Zaïre jusqu'à la mer et, d'autre part, une
voie plus ou moins parallèle au tropique du Cancer et au
sud de celui-ci jusqu'à l'Atlantique
[25].
La première migration s'est pour ainsi dire trouvée
piégée par la seconde qui l'a prise presque en tenaille
; d'où les affinités, sur le plan de l'anthropologie
physique, entre les peuples du bassin du Zaïre et ceux
de la savane, du Sénégal en particulier, et la
différence des types physiques entre le golfe du Bénin
et la région sahélienne
[26].
Enfin, il
convient de mentionner certains noms très rares en
milieu sénégalais, comme Wasar, nom d'un dignitaire
seereer historiquement très connu, Wasar Ngom : son nom
signifie étymologiquement disperser, et l'étymologie
populaire d'évoquer sa générosité pour justifier un tel
sens. Mais nous savons qu'Osiris, le dieu et le père de
la nation égyptienne, le dieu qui a été coupé en
morceaux que son frère jaloux Seth dispersa ensuite,
s'appelait dans la langue pharaonique Wser, que les
égyptologues traduisent par "puissant" sans pouvoir en
donner l'étymologie. Osiris est la forme grécisée,
devenue méconnaissable, de cette racine africaine.
Cette
parenté, révélée par la toponymie et l'ethnonymie, entre
les différentes régions sus-mentionnées ne saurait
s'expliquer par un déplacement plus ou moins massif de
populations à l'époque coloniale : la mission MARCHAND
Congo-Nil (Fachoda), BRAZZA et le sergent sénégalais
MALAMINE, le débarquement d'une cargaison de Sénégalais
au Gabon à l'époque de la traite des esclaves, l'envoi
de troupes sénégalaises lors de la conquête du Niger,
etc.
En effet,
des cartes de géographie comme celles de Robert VIGONDY
et bien d'autres documents prouvent l'antériorité de
l'installation des tribus dans les régions considérées.

Figure
3 : Deux lampes byzantines d'Egypte trouvées à Firkn (a
et c) et deux copies trouvées dans un ancien tombeau en
Gold Coast (Ghana actuel) (b et d). Echelle
approximative 1,5 (fig. 23 dans : A. J. ARKELL, A
history of the Sudan, Londres, Athlone Press, 1955).
Le type
physique nilotique géant est conservé dans le nord du
Sénégal, au Jolof, berceau local des Nyang, Njay (N'Diaye),
etc. ; certains éléments de la culture matérielle comme
les instruments aratoires sont identiques
[27].
Dans l'étude
de la stratification de la population, c'est-à-dire des
vagues successives de migrations, on pourrait utiliser
avec beaucoup de précaution la notion de fossile
directeur, bien que l'on tende à l'abandonner. Nous
entendons par là un élément distinctif, résiduel, du
mobilier funéraire qui serait toujours présent dans
telle catégorie de tombes et toujours absent dans telle
autre. Il suffirait de procéder ensuite à une datation
au carbone 14, si possible, pour établir la
stratification. Les morts du lac Kisale au Zaïre
(civilisation de l'âge du fer, + VIIe siècle) sont
toujours enterrés avec un petit caillou dans la bouche,
comme j'ai pu le constater à l'exposition de Lubumbashi
: le fait qu'une telle pratique ait existé au Sénégal
même, chez les Walaf, où elle tend à dispara"tre sous
l'influence de l'islam, est une précieuse indication
d'archéologie. Cet usage pourrait du reste être hérité
de l'Egypte ancienne (rite d'ouverture de la bouche du
mort), car c'est dans la même région du Zaïre que l'on a
trouvé une statuette d'Osiris remontant au -VIIe siècle
[28].
Les petits
poids de métal (fer en forme de H (>--<) de taille
croissante), qui servaient de pièces de monnaie à la
même époque (+ VIIe siècle) au Kisale, montrent, à n'en
pas douter, que cette civilisation était en rapport
étroit avec le Zimbabwe, où l'on utilisait à une époque
plus tardive des moules semblables en forme de H pour
couler le métal
[29].
9.
Photographie aérienne
Cette
technique permettrait de restituer la densité du réseau
routier antique. Il faudrait réaliser plusieurs passages
au lever ou au coucher du soleil, quand les rayons du
soleil sont obliques. Le procédé est applicable à la
savane et au désert ; la croissance différentielle de la
végétation ou l'évaporation différentielle de la brume
matinale laisse apparaître nettement les plans des
monuments enfouis dans le sol, des anciennes villes, les
limites des anciennes zones agraires, les sites
archéologiques invisibles au sol, les pistes
protohistoriques, les routes antiques, etc. Chaque Etat
africain pourrait exécuter un programme correspondant à
l'étendue de son territoire. Il suffirait ensuite qu'un
organisme coordinateur confectionnât une carte générale
de l'Afrique à partir des résultats obtenus. On pourrait
faire des essais à l'infrarouge. L'occupation
préhistorique et protohistorique du sol, la densité des
relations interafricaines, c'est-à-dire l'importance des
échanges avant l'écriture, etc., et d'autres problèmes
qui paraissent insolubles peuvent être étudiés avec
succès à l'aide de cette méthode.
Tout ce qui
précède nous montre l'inanité de nos préjugés ethniques
: le brassage des peuples africains est une réalité
objective très ancienne. Les murs que nous dressons
entre les autres Africains et nous-mêmes ne symbolisent
que l'épaisseur de notre méconnaissance du passé
ethnique africain. Une étude comme celle-ci, tout en
illustrant une méthode propre à l'histoire africaine,
doit aider à détruire, sans quitter le terrain
scientifique, les barrières psychologiques que
l'ignorance édifie dans notre conscience et à mettre en
oeuvre une action unitaire dynamique à l'échelle du
continent.
Bibliographie
BAUMANN, H.
; WESTERMANN, D. Les peuples et les civilisations de
l'Afrique. Paris, Payot, 1948.
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Grammaire élémentaire du moyen égyptien (trad. WALLE et
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Father, J. P. Nuer Grammar. Vienne, Anthropos, 1933.
DAVIDSON, B.
L'Afrique avant les Blancs. Paris, Presses
Universitaires de France, 1962 .
DIOP, C. A.
Nations nègres et culture. Paris, Présence africaine,
1954.
L'unité
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Antériorité
des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ?
Paris, Présence africaine, 1967.
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Maisonneuve, 1964.
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1933.
LAMBERT, R.
Lexique hiéroglyphique. Paris, Librairie orientaliste
Paul Geuthner, 1925 .
LEFEVRE, G.
Grammaire égyptienne. Le Caire, Editions du Caire.
MALLON, A.
Grammaire copte, 3ème éd. Beyrouth, 1926.
RADCLIFFE-BROWN, A. R. ; FORBE, D. Systèmes familiaux et
matrimoniaux en Afrique (ouvrage collectif, trad. rév.
par M. GRIAULE). Paris, Presses Universitaires de
France, 1933.
Notes
1.
Pour de plus amples détails sur la parenté
linguistique entre l'égyptien et le walaf, voir Cheikh
Anta DIOP, Parenté génétique de l'égyptien pharaonique
et des langues négro-africaines, Dakar, IFAN, 1976.
2.
Terme couramment orthographié wolof.
3.
Voir aussi Histoire générale de l'Afrique, vol. II, p.
65-69.
4.
H. BAUMANN, D. WESTERMANN, Les peuples et les
civilisations de l'Afrique, Paris, Payot, 1948. "Les
Dinka entre le Bahr et le Nil blanc s'appellent Jieng ou
Jang, les Arabes en ont fait Denkawi et les Européens
ont réduit le nom arabe à Dinka. Ils n'ont point de chef
suprme ni de roi comme les Shillouk et ne forment point
une nation mais un grand nombre de tribus
indépendantes." (p. 267).
5.
A. N. TUCKER, Fringe Cushitic, dans : Bulletin
of the school of oriental and African studies,
Université de Londres, vol. XXX, part. 3, 1937, p. 655
et suivantes ; voir aussi la revue Atome, n°248,
novembre 1967.
6.
ES-Så'DI, Tarikh es-Soudan, 2ème éd., Paris,
Maisonneuve, 1964, p. 6 et suivantes (trad. Houdas).
7.
Adjor : tribu berbère des Zenagha (voir Tarikh es-Soudan,
Paris, Maisonneuve, 1914, p. 38 et 214). Cette tribu vit
encore aujourd'hui en Mauritanie et mériterait une étude
spéciale. Viendrait-elle du Tassili n'Ajjer en mme
temps que les autres peuples noirs ajor qui portent le
mme nom ?
8.
C. A. DIOP, L'unité culturelle de I'Afrique
noire, Paris, Présence africaine, 1959.
9.
E. E. EVANS-PRITCHARD, "Parenté et communauté locale
chez les Nuer" dans : A. R. RADCLIFFE-BROWN, D. FORBE,
Systèmes familiaux et matrimoniaux en Afrique, Paris,
PUF, 1933, p. 483.
10.
S. F. NADEL, "Filiation bilatérale dans les monts Nuba",
dans : Systèmes familiaux et matrimoniaux en Afrique,
op. cit., p. 465.
11.
La femme apporte la dot chez les Indo-Européens,
ce qui est une survivance du patriarcat nomade (voir
L'unité culturelle de l'Afrique noire, op. cit.).
12.
S. F. NADEL, op. cit., p. 453.
13.
H. BAUMANN ET D. WESTERMANN, op. cit., p. 172.
14.
S. F. NADEL, op. cit., p. 442.
15.
Ibid., p. 449.
16.
Ibid., p. 437.
17.
E. E. EVANS-PRITCHARD, op. cit., p. 477
18.
Ibid., p. 478 et 479.
19.
Ibid., p. 477.
20.
C'est s'attirer une malédiction que de causer du tort à
un gamu.
21.
Il se peut toutefois qu'elles aient une origine commune.
Voir le Bulletin de l'IFAN, t. XXXV, série B.
22.
Father J. P. CRAZZOLARA, Nuer grammar, Vienne,
Anthropos, 1933.
23.
Le seigneur Tera Neter appartient à ce groupe (pl. XIV,
dans : C. A. DIOP, Antériorité des civilisations nègres
: mythe ou vérité historique ? Paris, Présence
africaine, 1967).
24. H. BAUMANN
ET D. WESTERMANN, op. cit., p. 267.24
25.
Voir carte des migrations.
26.
Toutefois, nous savons que ces migrations sont
nécessairement antérieures à 1455, car, d'après le
témoignage de CA'DA MOSTO, le peuple sénégalais, les
"Wolof" en particulier, était déjà en place. Une mission
IFAN (Institut fondamental d'Afrique Noire) dans le
Haut-Nil serait de la plus haute importance
scientifique.
27.
H. BAUMANN et D. WESTERMANN, op. cit., p. 269.
28.
Revue coloniale belge, n¡ 214, 1954, p. 622.
29.
B. DAVIDSON, L'Afrique avant les Blancs, Paris,
PUF, 1962.
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